Quand la beauté fait face à l'horreur:
des femmes pendant la guerre
La Seconde Guerre mondiale a bouleversé l'humanité au 20e siècle. Elle a eu des répercussions sur des centaines de millions d'hommes et de femmes. Les mères, les femmes, les filles et les sœurs de ceux qui sont partis au front ont enduré de lourdes épreuves, contraintes d'assurer à elles seules les besoins quotidiens à l'arrière en temps de guerre en subissant l'horreur des combats.

Sur la photo: jeune fille lors d'une frappe aérienne de la Luftwaffe contre Moscou
Sputnik/ Anatolij Garanin
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Le début de la Seconde Guerre mondiale a été accueilli par un grand nombre de personnes avec enthousiasme dans le monde. Même les citoyens des pays initialement neutres se sont portés volontaires. Les femmes ne faisaient pas exception. On voit sur cette photo des Américaines apprendre à côté des Françaises dans un hôpital parisien à panser les blessures durant les premiers mois après l'intervention d'Hitler en Pologne.
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Les Françaises qui avaient des voitures et souhaitaient aider leur patrie étaient employées dans le redéploiement des troupes vers le front. Le général Joffre avait réussi lors de la Première Guerre mondiale le Miracle de la Marne grâce aux taxis parisiens. L'offensive des troupes hitlériennes sur la capitale de la Troisième République a eu des conséquences beaucoup plus tragiques. Sur la photo: des femmes automobilistes mobilisées s'entraînent dans le Bois de Boulogne.
AFP/ The National Archives
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Malgré l'émancipation des femmes de l'entre-deux-guerres, l'État, les milieux publics et la société demeuraient conservateurs en ce qui concerne la participation des femmes aux opérations militaires. Le rôle d'auxiliaire leur était initialement réservé, dans le meilleur des cas celui de cantinière fidèle comme on le voit sur la couverture de la revue américaine The Saturday Evening Post invitant les femmes à rejoindre le corps de la WAC (Women's Army Corps: branche féminine auxiliaire de l'armée américaine).
Néanmoins, vu les pertes sérieuses des différents camps dans le conflit et l'élargissement de la zone de combats, il restait de moins en moins d'hommes à l'arrière. Les femmes étaient de plus en plus souvent employées dans la garde de l'arrière-front profond contre les saboteurs et les pilotes. Sur la photo: des jeunes filles du Women's Ambulance and Defense Corps of America suivent des entrainements au combat au corps à corps sur une plage en Californie.
Sputnik/ Anatoli Garanine
En URSS, les cours d'instruction militaire préparatoire Vseoboutch étant obligatoires que pour les hommes, les femmes s'y inscrivaient volontairement. Il y avait beaucoup de femmes qui voulaient apprendre à tirer, à lancer des grenades, à chercher des renseignements, à donner les premiers soins.
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Le service dans l'armée ou le travail dans une usine étaient pour les femmes, malgré l'inégalité, notamment de salaires, une chance de se réaliser. Vivre dans une caserne ou travailler à l'usine était attrayant avant tout pour des femmes de milieux défavorisés.

Sur la photo: des femmes apprennent à réparer une voiture lors de cours de sécurité civile à New York.
AP Photo/ Mary Naiden
Le contenu global de la guerre entrait en contradiction avec les photos impressionnantes de jeunes filles en uniforme ou en chaussures à talons hauts diffusés à des fins de propagande des deux côtés du front. Tout comme les hommes, les femmes subissaient des bombardements, des pilonnages.

Sur la photo: des femmes d'officiers lors d'une attaque de l'aviation japonaise contre la base navale de Pearl Harbor.
AP Photo/ John Lindsay
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Des mannequins portant des masques à gaz et des lunettes de protection utiles sur le front et pour l'accomplissement de taches dangereuses interdites aux femmes avant la guerre.
Des actrices de Hollywood jouaient des rôles de compagnes courageuses ou d'ouvrières, comme Veronica Lake sur cette affiche consacrée aux règles du maniement d'une perceuse.
Sputnik/ Anatoli Garanine
Des actrices se produisaient, aussi, dans des camps d'entraînement et sur le front pour encourager les soldats. Évacués pour un temps, des artistes du Bolchoï se rendaient devant les troupes et ont repris dès 1943 les spectacles à Moscou sur une autre scène, le bâtiment historique du Bolchoï ayant été endommagé lors de frappes aériennes.
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Une patrouille de sécurité anti-incendie n'avait rien d'extraordinaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Des jeunes filles conduisaient les rames du métro moscovite (ce métier a été de nouveau interdit aux femmes à l'époque de Gorbatchev. L'interdiction est toujours en vigueur en Russie de nos jours).
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Être fait prisonnier est un sort peu enviable lors de n'importe quelle guerre. Les Conventions internationales sur les droits des prisonniers de guerre étaient constamment violées pendant la Seconde Guerre mondiale par toutes les parties du conflit, en premier lieu par les pays de l'Axe (Troisième Reich, Italie, Japon). Le sort des femmes prisonnières était parfois encore plus tragique que celui des hommes: les nazis les fusillaient avant les autres, surtout pendant les premières années de la guerre.

Sur la photo: des prisonnières de guerre soviétiques lors d'un interrogatoire par les officiers de la Wehrmacht.
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Le Troisième Reich et ses alliés faisaient travailler des soldats prisonniers et des détenus des camps de concentration dans les entreprises militaires alors que les pays de la coalition antihitlérienne employaient essentiellement des femmes.

Sur la photo: une jeune fille examine un aérostat dans une usine à New Bedford dans le Massachusetts aux États-Unis.
Sputnik/ Boris Koudoyarov
La ration pour les ouvriers était un moyen de survie comme pour cette ouvrière de Leningrad encerclé par les troupes hitlériennes (qui s'est heurté à des problèmes d'approvisionnement en vivres particulièrement sérieux).
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Le métier d'infirmière était la deuxième profession la plus répandue parmi les femmes pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sur la photo: formation d'infirmières américains sur une base militaire au Pays de Galles avant l'ouverture d'un nouveau front en Europe de l'Ouest.
Sputnik
À la différence des Alliés, dans l'Armée rouge les femmes évacuaient les blessés du champ de bataille comme le fait cette infirmière lors de combats à Berlin. Les infirmières étaient régulièrement obligées de faire un échange de tirs avec l'ennemi et d'évacuer dans ces conditions des soldats qui pouvaient être beaucoup plus lourds qu'elles. Pour ces tâches-là, les armées occidentales avaient recours à des équipes d'infirmiers préférant laisser les femmes à l'arrière.
AP Photo
La méticulosité et la précision dont faisaient preuve les femmes lors de la réalisation de tâches, étaient hautement appréciées dans l'aviation. Les femmes non seulement pliaient les parachutes et chargeaient les canons, mais aussi réparaient des moteurs comme ces jeunes filles de la Women's Auxiliary Air Force (WAAF), corps auxiliaire de la Royal Air Force, sur la photo.
Sputnik/ Evguéni Khaldeï
D'autres sont passées des portraits de pin-up accrochés sur les flancs des avions au cockpit des aéronefs. Les femmes pilotes étaient les plus nombreuses du côté soviétique. Des escadrilles et même des régiments entiers composés exclusivement de femmes combattaient pour les Soviets. Parmi les unités les plus célèbres, on trouve le 46e régiment aérien de la garde nommé Nachthexen (Sorcière nocturnes) par les Allemands. Sa mission principale était de bombarder la nuit les aérodromes de l'ennemi. Malgré leur grande efficacité les «Sorcières» ont elles aussi subi de lourdes pertes en volant sur des biplans obsolètes Polikarpov Po-2. L'avion de Véra Belik (première à droite sur la photo), pilote-navigatrice de ce régiment, a été abattu le 25 août 1944. Ses deux consœurs Irina Sebrova (assise à gauche) et Nadejda Popova (debout au centre) sont sorties vivantes de cette guerre.
Sputnik
Famine, bombardements, mort des êtres chers, la vie de celles qui ont dû vivre la guerre à l'arrière ou sous l'occupation était loin d'être facile. Sur la photo: infirmière aidant une blessée à sortir des décombres d'un immeuble après un bombardement de Leningrad par des avions de la Luftwaffe.
AP Photo
AP Photo/ U.S. Army Corps of Engineers
Différents pays, différents destins: [à gauche] ouvrière assemblant des composants d'une locomotive militaire dans une usine à Londres. [à droite] femme avec des brûlures dans un hôpital après le bombardement atomique d'Hiroshima.
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La lutte généralisée contre les espions et les collaborateurs avait des lourdes conséquences pour ceux et celles qui collaboraient véritablement avec l'ennemi ou étaient simplement suspectés de le faire. Les émigrés originaires des pays de l'Axe étaient en général envoyés dans des camps spéciaux où quel que soit leur statut social ils étaient obligés d'effectuer un dur travail et de vivre dans des conditions proches de celles des prisons. L'internement des Japonais américains constituent un exemple frappant. Sur la photo: Japonaises américaines dans un des camps de travail aux États-Unis lors d'une récolte.
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Sur les territoires libérés en Europe de l'Ouest ce sont des combattants du mouvement de la Résistance qui sévissaient. Des femmes accusées de liaison avec des militaires ennemis étaient tabassées par d'anciens maquisards qui leur rasaient la tête, les déshabillaient et les promenaient comme ça dans les rues.
AFP Photo
Les soldats des pays vainqueurs ont également fait preuve d'une grande cruauté. Leurs supérieurs ont même dû prendre des mesures des plus rigoureuses pour refroidir leurs ardeurs. Sur la photo: un soldat français venant d'être libéré et des jeunes filles allemandes lui nettoyant les chaussures.
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Le monde a vu des scènes encore plus choquantes dans les camps de concentration du Troisième Reich. Il était difficile de distinguer à quel sexe appartenaient les prisonniers décharnés qui ont vécu dans des conditions inhumaines privés des commodités élémentaires.

Sur la photo: des prisonnières du camp de Bergen-Belsen se douchent pour la première fois depuis trois ans.
Sputnik/ Georgi Chomsor
La fin de la guerre a signifié que des millions de prisonniers nazis puissent revenir chez eux. Les soldats sont rentrés chez eux ainsi que de nombreux civils emmenés de force en Allemagne pour travailler comme ces femmes quittant Dresde pour revenir en Tchécoslovaquie.
Sputnik/ Alexandre Oustinov
Les centaines de milliers de femmes participant aux actions de combat et encore plus de femmes travaillant à l'arrière lors de la Seconde Guerre mondiale constituent un phénomène socioculturel du siècle dernier. Des femmes au foyer, des snobinardes, des étudiantes ont appris à travailler dans des usines, à manier des armes, à piloter des avions, à surprendre des saboteurs, à sauver des blessées en se rendant utiles, là où les hommes ne pouvaient plus le faire par eux-mêmes ou bien là où il n'y avait pas d'hommes. Et c'est du jour au lendemain que la majorité de celles qui avaient survécu à la guerre, sont revenues à la vie normale une fois échangés les derniers tirs et célébrée la victoire dans une des plus grandes guerres de l'histoire.


Sur la photo: une infirmière soviétique remet des fleurs à des soldats américains lors d'Elbe Day.
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