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L'Ukraine après le Maïdan sans effusion de sang? Histoire d'un compromis avorté
Il y a quatre ans l'Euromaïdan en Ukraine est entré dans sa phase finale. Dans les rues de Kiev ont retenti des tirs qui ont fait de nombreuses victimes. La situation a rapidement échappé au contrôle du Président ukrainien Viktor Ianoukovitch malgré la signature le 21 février 2014 de l'accord sur le règlement de la crise ukrainienne en présence de diplomates français, allemand et polonais. Les faits révélés par Sputnik sont éloquents: ce sont des snipers travaillant pour le compte de l'opposition qui ont procédé aux tirs.
De quel accord s'agit-il?
Le Président de l'Ukraine Petr Porochenko a déclaré ignorer où se trouvait l'accord conclu entre son prédécesseur Viktor Ianoukovitch et les représentants de l'opposition au sujet du règlement de la crise ukrainienne de 2014.

«J'ignore où se trouve cet accord. Je n'en ai pas l'original, je ne l'ai pas signé et je ne peux pas le commenter non parce que je ne veux pas le faire mais parce que je ne l'ai pas vu», a déclaré M. Porochenko lors de son audition devant les juges.

L'accord sur le règlement de la crise politique en Ukraine est un document signé le 21 février 2014 par le Président ukrainien de l'époque Viktor Ianoukovitch et les leaders de l'opposition parlementaire avec le concours de représentants de l'Union européenne. Les ministres des Affaires étrangères de la France, de l'Allemagne et de la Pologne ainsi que le représentant spécial du Président de Fédération de Russie appellent alors à la cessation immédiate de toute forme de violence et d'affrontement.
Qui est l'auteur de ce plan et qu'est-ce que Poutine a à voir avec cela?
Les ministres allemand et polonais des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier et Radosław Sikorski, et le directeur de la Direction de l'Europe continentale du ministère français des Affaires étrangères Éric Fournier ont assisté à la signature de l'accord. Le représentant spécial du Président de la Fédération de Russie Vladimir Loukine, qui avait également participé aux négociations, a refusé d'apposer sa signature sous le texte de l'accord.

Dans une déclaration du 19 février 2014, Laurent Fabius, alors le ministre des Affaires étrangères, expliquait l'objectif de sa mission en Ukraine: «Nous avons décidé avec mon collègue polonais et mon collègue allemand – ce que l'on appelle le groupe du «Triangle de Weimar» – de nous rendre demain matin à Kiev…

Chacun doit se mobiliser pacifiquement pour revenir au dialogue et favoriser une solution dans ce pays qui est près de l'Union européenne. Une solution pacifique car, là comme ailleurs, il n'y a de solutions que dans le dialogue et le compromis.»
Pourquoi ce plan a-t-il échoué ?
Des attaques contre des bâtiments gouvernementaux se poursuivaient et le Président, dont la sécurité personnelle était menacée, a été contraint de quitter Kiev. Après le coup d'État, les groupes d'opposition à la Rada ont pris le pouvoir dans la capitale. Le 22 février, ils ont adopté un décret sur la «destitution du chef de l'État de ses fonctions constitutionnelles» et ont fixé la date des élections présidentielles anticipées en violation de la Constitution qui prévoit une procédure particulière en cas de démission du chef de l'État.
Quid des États-Unis?
Les États-Unis ont déclaré que la fuite de Viktor Ianoukovitch constituait une violation de ce même accord à la signature duquel les Américains n'avaient pas participé.

«C'était Ianoukovitch qui a violé les dispositions de cet accord en quittant Kiev et ensuite l'Ukraine», a déclaré Samantha Power, ambassadrice des États-Unis aux Nations unies.
Combien de personnes au juste ont été victimes des massacres sur le Maïdan?
Au total, une centaine de personnes ont été tuées. Les autorités ukrainiennes les appellent la «centaine céleste» («nebesnaïa sotnia»). Dix personnes ont péri avant le 18 février, 76 personnes entre les 18 et 20 février, et 15 autres ont succombé à leurs blessures par la suite. En même temps, 19 agents faisant partie principalement des forces spéciales Berkout (CRS ukrainiens) mais également d'autres détachements des forces de l'ordre ont perdu la vie.

C'est le 20 février 2014, le jour à la veille de la signature de l'accord, qu'il y a eu le plus de victimes. Ce jour-là, des tireurs ont ouvert le feu sur le Maïdan tuant 53 personnes dont 4 policiers. Les leaders de l'opposition ont accusé le gouvernement de Viktor Ianoukovitch mais l'enquête officielle a abouti à une impasse.
Mais qui a tiré sur les protestataires et les Berkout?

Sputnik a publié une interview de deux snipers géorgiens du Maïdan, Koba Nergadzé et Alexandre Revazishvili, qui affirment que la question des tirs a été débattue avec Andreï Paroubyi et Sergueï Pachinski qui sont actuellement respectivement Président de la Rada suprême et chef du Comité de la Rada pour la défense et la sécurité. C'est un ancien militaire américain Christopher Brian qui aurait donné des instructions aux tireurs.
Pachinski accompagné par des inconnus a apporté personnellement les armes au Conservatoire. Le 20 février 2014, le jour des fusillades de masse, Pachinski a tiré lui-même avec une mitraillette. Vladimir Parassuk qui était à ce moment-là «chef du groupe des cent» du Maïdan, puis officier du bataillon Dniepr et député du peuple d'Ukraine a tiré avec une carabine Saïga.
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