Par Denis Bolotski
Trudeau/Trump: le jour et la nuit concernant l'immigration illégale
Alors que Donald Trump continue d'engager des démarches pour construire un mur à la frontière entre les USA et le Mexique, Justin Trudeau semble adopter une approche diamétralement opposée de la politique migratoire en ouvrant les portes de son pays aux milliers de migrants clandestins du monde entier.

Le chemin Roxham est visible sur tous les GPS: cette route de campagne relie le nord de l'État américain de New York à la province canadienne du Québec. Cependant, aucun navigateur ne vous indiquera que ce chemin, indépendamment de la direction que vous prendrez, vous conduira au titre de séjour canadien.
Un poste de contrôle peu regardant
Le GPS m'indique je suis déjà sur place, mais la route dans les champs enneigés du Québec continue encore sur deux kilomètres avant de conduire à une impasse. A mes côtés: Faith Goldy, une journaliste canadienne de droite qui a travaillé en tant que commentatrice et reporter dans plusieurs médias. Sa couverture de la migration clandestine et sa position concernant la politique du gouvernement en la matière a suscité une réaction négative dans les médias de masse, qui l'ont qualifiée de «nationaliste blanche» - une accusation qu'elle rejette.
Pendant que nous attendons, Faith appelle un taxi de la ville américaine la plus proche pour me montrer à quel point il est facile d'organiser le transfert d'un groupe de clandestins des États-Unis au Canada.
L'endroit où les agents de la police montée royale du Canada accueillent les migrants illégaux n'est pas indiqué sur la carte. Néanmoins, ce lieu est parfaitement réel.

D'après Faith, il y a deux ans à cet endroit se trouvait seulement une immense tente, alors qu'aujourd'hui se dresse un grand bâtiment surveillé 24h/24 par les policiers. Le poste de contrôle est doté de moyens de communication modernes et plusieurs voitures de patrouille sont stationnées à proximité.

Les officiers ont été polis et patients. Ils semblaient surpris de voir un journaliste russe à la frontière, c'est pourquoi ils ont vérifié ma carte de presse. Pour le reste, nous avons été autorisés à travailler à condition de respecter toutes les règles.
Quelques instants plus tard nous avons vu une voiture approcher du côté de la frontière américaine. Après quoi la situation a commencé à devenir de plus en plus étrange.
Une femme est sortie du taxi, a pris sa valise et s'est dirigée vers le bâtiment. Elle a annoncé à haute voix qu'elle venait de Tanzanie et souhaitait obtenir le statut de réfugiée au Canada. Les policiers lui ont ordonné de s'arrêter en expliquant que le chemin Roxham n'était pas un poste légal pour entrer dans le pays, et qu'en le franchissant la femme enfreignait la loi et serait arrêtée. Mais cette dernière a refusé d'obtempérer et a pénétré à l'intérieur du poste de contrôle.

Dans les heures qui ont suivi, 13 personnes sont arrivées au poste de contrôle, dont une Indienne âgée suppliant de l'aider, une famille du Brésil et une grande famille de Turquie.
Des cas de traversée illégale de la frontière sont constatés dans plusieurs pays. Mais ces deux dernières années, les autorités canadiennes sont connues pour simplement enregistrer et laisser passer ceux qui transgressent la frontière.

Depuis qu'en 2017 Justin Trudeau a annoncé que le Canada était prêt à accorder le statut de réfugié à tous, le «poste d'entrée illégal» au Québec s'est transformé en «poste d'entrée illégal bien équipé».

Depuis le poste de contrôle du chemin Roxham, les transgresseurs de la frontière sont transportés dans des lieux bien plus confortables, par exemple au centre YMCA de Montréal ou à l'hôtel Radisson East de Toronto. Les migrants y attendent une décision concernant leur statut, qui s'avère positive dans la plupart des cas: ils sont alors autorisés à rester au Canada. Aucune détention ni sanction ne les attend: pratiquement tous ceux qui arrivent illégalement sur le territoire canadien reçoivent gratuitement de la nourriture, de l'argent et un logement.

Aux frais de la princesse
(«L'hôtel est complet»)

Dans le bâtiment de l'association YMCA au centre de Montréal se trouvent de nombreux migrants qui viennent d'arriver dans le pays. Les pensionnaires, parmi lesquels des familles de dizaines de pays comme le Mexique, le Pakistan, le Tchad ou la République démocratique du Congo, reçoivent gratuitement de la nourriture à la cafétéria. On leur explique également comment remplir les documents migratoires, déposer des plaintes et réagir aux refus de leurs requêtes.
Faith Goldy explique que peu de Canadiens savent ce qui se passe dans ces centres parce qu'ils sont fermés aux visiteurs - sans parler des médias. Mais dès qu'ils prennent connaissance de la situation, ils comprennent qu'on leur ment.
YMCA n'est pas le seul endroit où sont logés les migrants. Ceux qui veulent vivre dans l'Ontario (car ils peuvent choisir leur lieu de séjour) peuvent compter sur des conditions de vie gratuites encore meilleures.
Pendant l'été 2018, les réfugiés qui manquaient de place dans les résidences universitaires du collège de Centennial ont été logés à l'hôtel Radisson Toronto East - et ce aux frais des contribuables canadiens.

Les collaborateurs du Radisson n'ont pas souhaité parler des résidents de l'hôtel. Ils nous ont renvoyés vers l'organisation locale d'aide aux réfugiés Costi (au moment de la publication, l'organisation n'avait pas répondu à notre demande de commentaire), tout en reconnaissant qu'un certain nombre de réfugiés se trouvait effectivement à l'hôtel.
Comme il est impossible de réserver une chambre dans cet hôtel dans les semaines à venir, il semblerait qu'aucun des réfugiés n'a l'intention de le quitter prochainement.

«En effet, quelques réfugiés résident chez nous. Vous y voyez un problème? Pas moi», a déclaré le responsable de l'établissement.
Néanmoins, certains résidents du Radisson ne sont pas aussi positifs. Bien que la plupart des commentaires négatifs sur l'hôtel aient été récemment effacés sur le site TripAdvisor, il est encore possible d'y trouver les commentaires de certains visiteurs canadiens et étrangers de l'hôtel se plaignant de leur séjour.
L'opposition
Les commentaires négatifs sur TripAdvisor ne sont que la pointe de l'iceberg. Les Canadiens semblent prendre conscience du nombre grandissant de problèmes provoqués par la «politique des portes ouvertes».

Premièrement, bien qu'ils ne soient pas habitués à se plaindre, la plupart des habitants du pays sont issus de familles qui ont mis plusieurs décennies à être acceptées par la société canadienne. Ils jugent donc incorrect qu'en passant par un trou à la frontière d'autres reçoivent un «billet gagnant» payé par les contribuables canadiens.
«Expliquons-nous: par définition, un criminel est celui qui enfreint la loi. Dès qu'ils entrent dans notre pays ils transgressent notre loi, néanmoins ils sont traités comme la plupart des Canadiens voudraient être traités», déclare Faith Goldy.
Bien qu'il n'existe aucune preuve empirique indiquant que la hausse de la criminalité au Canada soit directement proportionnelle à l'afflux des demandeurs d'asile, le plus grand nombre de demandes d'asile a été observé en 2017, tandis que, selon le Service canadien des statistiques, le niveau de criminalité augmente depuis trois années consécutives.

Depuis qu'en janvier 2017 le premier ministre Justin Trudeau a annoncé sur Twitter que le Canada était prêt à accueillir des réfugiés, la même année près de 20.000 migrants ont franchi la frontière depuis les USA, et le nombre total de demandes d'asile a atteint 49.775.

Le processus de traversée illégale de la frontière est devenu bien plus simple. Selon le Syndicat des douanes et de l'immigration, qui représentent les policiers montés canadiens, la frontière du pays est devenue vulnérable pour des raisons financières et à cause du nombre insuffisant de policiers qui y patrouillent.

«A l'heure actuelle, il existe près de 117 postes frontaliers terrestres mais l'espace qui les sépare n'est pas patrouillé, c'est pourquoi nous sommes vulnérables», déclarait Jean-Pierre Fortin, le président du syndicat, en 2017.

Compte tenu de l'approche des élections fédérales, les candidats aussi bien conservateurs que libéraux pourraient jouer la «carte migratoire». Nous verrons alors si les électeurs décideront de laisser les choses telles quelles sont et voteront pour les politiciens libéraux et leur idéologie des «frontières ouvertes» ou si les Canadiens feront confiance aux conservateurs qui se préoccupent avant tout du Canada et ne veulent pas que l'argent du contribuable finance le «trou frontalier».
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