Andreï (J'ai appris plus tard son nom: Paroubyi). J'ai compris d'après le comportement de Mamoulashvili qu'ils se connaissaient. Nous n'avons montré nos passeports à personne. On nous a fait quitter l'aéroport et placé dans un minibus bleu. Paroubyi et Mamoulashvili nous accompagnaient. Le minibus s'est approché d'un immeuble à plusieurs étages rue Ouchinski (j'ai appris ce nom plus tard), je ne me souviens pas du numéro de l'immeuble, de l'appartement, de l'étage. Nous étions hébergés dans deux appartements de 2 pièces. Je ne saurai préciser la date d'arrivée: 10-15 décembre 2013. Nous y avons passé la nuit et le lendemain un minibus est arrivé comme il était convenu la veille avec Mamoulashvili. Nous étions accompagnés sur le Maïdan. Mamoulashvili était avec nous. Il n'a pas donné d'instruction ayant dit seulement qu'il fallait aider les manifestants, éviter l'ivrognerie, faire connaissance avec eux, détecter des provocateurs côté administration. Nous étions tous simplement présents sur le Maïdan. Nous n'avons pas participé aux affrontements avec les Berkouts. Chaque jour, on nous a conduits sur le Maïdan, nous avons passé la nuit dans des appartements et réveillonné à l'hôtel Ukraine. À part mon groupe, il y a eu des chefs d'autres groupes avec leurs subalternes: Kipiani, Kikabidzé, Makishvili, Saralidzé. Je ne sais pas quand ces groupes sont arrivés. À peu près le 10 février2014, j'étais avec mon groupe au deuxième étage et Mikhaïl Saakachvili, Mamouka Mamoulashvili, Andreï Paroubyi, Andreï Pachinski et un homme en camouflage sont venus nous voir. Saakachvili a salué tout le monde ayant remarqué ses compatriotes. Saakachvili nous a présenté l'homme en camouflage comme un ancien militaire américain Christopher Brian. J'ai appris plus tard de Mamoulashvili qu'il était sniper. Brian ne parlait pas russe, il parlait avec Saakachvili en anglais.
À part nous et les Ukrainiens, il y a eu à l'hôtel Ukraine plusieurs Lituaniens et Polonais.
Paroubyi Andreï, Pachinski Andreï, Mamoulashvili, Brian ont réuni le 14 ou le 15 février les chefs de groupes: Kikabidzé, Makiashvili, Saralidzé, moi, je ne me souviens pas qui encore, dans une chambre de l'hôtel au deuxième étage. Paroubyi a pris la parole nous disant «… il est nécessaire d'aider le peuple frère ukrainien et nous aurons bientôt une nouvelle mission». J'ai essayé de préciser le contenu de la nouvelle mission, mais Paroubyi a dit qu'il le dirait plus tard. La tension entre les manifestants et les Berkouts s'accentuait sur le Maïdan. J'ai vu alors chez les manifestants des fusils de chasse, des pistolets, des cocktails Molotov. Il y a eu en permanence des affrontements physiques avec les policiers utilisant des chaînes, des pierres. Les policiers n'avaient pas d'armes à feu et les manifestants en profitaient.
À peu près le soir du 18 février, Andreï Pachinski et plusieurs gars inconnus sont venus à l'hôtel avec de grands sacs. Ils ont sorti des sacs des Kalachnikov de 7,62 mm, des carabines SKS, un SVD avec lunette de visée et une carabine étrangère. Pachinski a dit que nous aurons besoin d'armes pour nous défendre «défendez-vous, camarades». Je lui ai demandé: «… nous défendre contre qui?» Pachinski n'a rien dit et est sorti. Ces armes ont été distribuées dans les chambres où se trouvaient les membres d'autres groupes. Mes subalternes et moi, nous n'avons pas pris les armes. J'ai vu à l'hôtel que plusieurs se sont mis à s'entraîner à tenir les armes en imitant le tir par la fenêtre. Mamoulashvili a expliqué à tout le monde que notre tâche consistait à éviter des présidentielles anticipées en Ukraine, sinon le Maïdan se dispersera.
Mamoulashvili s'est approché de moi tard dans la soirée du 19 février 2014 et m'a dit: «… Koba, nous aurons demain une journée difficile, nous aurons une mission qu'il faudra accomplir … il faudra semer le chaos sur le Maïdan et employer les armes contre tous les participants: manifestants, policiers, sans distinction. Il faut tirer sur des cibles vivantes pendant 15-20 minutes. Après vous devez vous retirer, tous et partir à Tbilissi». Je me suis indigné que nous ne nous soyons pas entendus à ce sujet et il n'ait pas évoqué une telle mission à Tbilissi.